Généalogie d’une automobile : pourquoi, comment ?

Cet article est écrit dans le cadre du challenge UPro-G (voir ici) ; thème imposé du mois de juin 2025 : une généalogie d’automobile.

Saviez-vous qu’il était possible de faire la généalogie d’une automobile ? Mais aussi de tout véhicule à moteur (motocyclette, vélomoteur, tracteur et remorque, etc.) ?

À la manière de la généalogie foncière, on peut ainsi retrouver leurs différents propriétaires et leur date de mise en circulation. Parfois même, on y trouve des données de modifications.

Pourquoi ?

Le nombre d’automobiles en circulation a tendu à croître rapidement au début du XXe siècle. Et le lot des désagréments qui va avec également. Les accidents se multiplient, nécessitant un contrôle et une identification précise des véhicules incriminés.

Suite à la loi du 10 septembre 1901, tous les propriétaires de voitures doivent y apposer une plaque minéralogique après homologation (vérification de la conformité des nouveaux véhicules selon le décret du 10 mars 1899) et attribution d’une immatriculation par le service des Mines, sous la gestion des préfectures.

Et qui dit immatriculation dit registres d’immatriculation.

(AD78, 2S 937 : Registre des immatriculations, 1000Z3 à 5499Z3, 19/06/1923 au 17/04/1924, vue 4/191)

Comment ?

Ces registres sont tenus par les services des Mines dès 1901 (registres d’immatriculation) et les préfectures (registres de mise en circulation), puis par les préfectures seules de 1928 à 2009. Vous les trouverez en série S (travaux publics et transport) aux archives départementales. Puis en série W. À partir de 1950, ils sont le plus souvent encore en préfecture.

Les plus anciens donnent peu d’informations exploitables pour faire l’historique des véhicules : numéro d’immatriculation, nom, prénoms et domicile du propriétaire au moment de la déclaration, nom du constructeur, indentification de véhicule.

Mais, vers 1927-1928, ils s’étoffent et fournissent la désignation des véhicules, l’antécédent (si le véhicule a changé de département), les transformations et la désignation des propriétaires successifs.

Exemple :

La recherche s’effectue à partir du numéro d’immatriculation du véhicule. Il n’existe pas, pour l’instant, d’indexation au nom des propriétaires. De même, l’ordre est chronologique, suivant les dates de déclaration.

Ici, prenons l’exemple de la voiture immatriculée YD2-2980, dans l’ancien département de Seine-et-Oise.

(AD78, 1019W 237 : Registre d'immatriculation des automobiles, n° YD2-2001-3000, 1949, vue 200/207)

Il s’agit d’une voiture commerciale de marque Peugeot, de type 202 U. Elle roule à l’essence et a une puissance administrative de 6 CV.

La déclaration d’immatriculation a été faite le 26 septembre 1949 par M. Marcel HEINISCH, demeurant 16 rue du Pilote Raven au Blanc-Mesnil (93).

Le registre n’indique pas de propriétaire postérieur, ni l’immatriculation de la voiture suite au nouveau système de 1950.

Par contre, on voit qu’il l’a acheté dans l’Aisne (02), à Laon, où elle portait le numéro 3060 AF6. On la retrouve dans les registres de ce département.

(AD02, 999W 3 : Registre de déclaration d'immatriculation, AF6 n° 2986 à 3986, 21 nov. 1944-17 mai 1945, vue 17/210)

Le propriétaire précédent en était M. André FERTÉ, agriculteur à Terny-Sorny.

Il avait fait immatriculer sa voiture le 4 décembre 1944, après l’avoir acheté à Paris, où elle avait le numéro 8284 RN3 depuis le 15 mai 1943.

Les registres de Paris n’étant pas en ligne, il faudrait que je me déplace aux archives de Paris pour compléter cette recherche, mais je pense que vous avez compris le principe.

À vous de jouer

Les registres d’immatriculation ne sont en ligne que pour huit départements à l’heure actuelle et il vous faudra donc vous déplacer aux archives départementales dans la plupart des cas. Cependant, pensez à vous renseigner avant de vous déplacer, car tous les départements n’ont pas conservé ces documents. Le délai de communicabilité est de 50 ans à compter de la clôture du registre.

Les archives du Jura mettent à la disposition de tous, sur leur site Internet, un très bon guide de recherche sur le sujet, avec des renvois vers des associations de passionnés de voitures anciennes prêts à nous aider.

Sources et bibliographie :

  • Archives départementales de l’Aisne (AD02), 999W 3 : Registre de déclaration d’immatriculation des automobiles, AF6 n° 2986 à 3986, 21 nov. 1944-17 mai 1945.
  • Archives départementales du Jura (AD39) => Rechercher => Aides à la recherche => Vous retracez l’histoire… d’un véhicule.
  • Archives départementales des Yvelines (AD78), 2S 937 : Registre des immatriculations, 1000Z3 à 5499Z3, 19/06/1923 au 17/04/1924 ; 1019W 237 : Registre d’immatriculation des automobiles, n° YD2-2001-3000, 1949.
  • La Revue française de généalogie => article du 29 avril 2025 : La généalogie des véhicules de nos ancêtres serait-elle à la mode ?, par Pierre-Valéry ARCHASSAL.

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