Vente d’un prieuré à Mantes-la-Jolie

Cet article est écrit dans le cadre du challenge UPro-G (voir ici) ; thème imposé du mois d’octobre 2025 : la vente d’un bien national.

Il y a quelques années, à l’occasion d’un projet de publication, j’ai été amenée à faire des recherches sur les prieurés de Mantes-la-Jolie (Yvelines).

Ces bâtiments, biens ecclésiastiques, ont tous fait l’objet d’une vente aux biens nationaux.

Parmi eux, le prieuré Saint-Georges

Mais commençons par le début.

Qu’est-ce qu’un prieuré ?

Un prieuré est un établissement religieux, parfois aussi appelé couvent ou monastère, qui dépend d’une abbaye, et à la tête duquel est un prieur mis en place par l’abbé de l’abbaye-mère.

Ce terme n’apparaît, avec ce sens précis, qu’au cours du XIe siècle.

Sa fondation découle le plus souvent d’un don laïc ou religieux, comprenant généralement des bâtiments, un domaine exploitable ou des droits féodaux, aptes à assurer la vie et l’entretien de l’établissement.

Le prieuré Saint-Georges

Ce serait le plus ancien à s’installer dans l’agglomération. Selon la tradition, il aurait été fondé entre 996 et 998 par le roi Robert II le Pieux, fils d’Hugues Capet, comme dépendance de l’abbaye de Fécamp (Seine-Maritime).

Extrait de l' « Adveu et dénombrement des deppendances du prieuré de Saint Georges de Mante… », vers 1680-1690 (AD78, 21H 2)

Il était situé à proximité de l’église Saint-Maclou, au bout de la rue des Halles et le long de la place du Marché au Blé.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le démantèlement du prieuré se fait au fur et à mesure des offres et bien avant la Révolution.

Sa désignation

La dernière description disponible des lieux est celle de la « visite, prisée et estimation de la maison et lieu […] dépendant du bénéfice et prieuré de Saint-Georges dudit Mantes… », effectuée dans le cadre des ventes aux biens nationaux de 1re origine, du 2 mai 1791 et jours suivants pour la maison prieurale et ses dépendances, et du 9 mai et jours suivants pour l’église alors désignée comme « chapelle Saint-Georges » (la vente se fait en deux lots distincts). Cette visite est réalisée par Cyr Jean VIVENEL, maître maçon entrepreneur de bâtiments, expert nommé par la délibération du directoire du district de la ville de Mantes du 23 septembre 1790.

Première page et début du procès-verbal de « Visite, prisée et estimation… » (AD78, 1Q 89, 2 mai 1791)

Sa vente

L’église est vendue en premier, le 1er septembre 1791.

Sa mise à prix est de 1200 livres. Dans un premier temps, elle ne trouve pas d’enchérisseurs.

Puis Gabriel BRISSET, bourgeois de Mantes, en propose 4600 livres.

Extrait du procès-verbal d'adjudication (AD78, 1Q 76, 1er septembre 1791)

La vente aux enchères se fait aux feux, c’est-à-dire à la bougie : on ne peut surenchérir que le temps que la flamme est allumée. Mais G. BRISSET a peu de concurrence et il remporte la vente pour la somme de 4725 livres, au profit de François Louis FOURNIER, vitrier, habitant Mantes, dès le deuxième feu.

Le reste de la propriété revient à Nicolas François LEMOINE, aubergiste, pour la somme de 11603 livres, le 4 janvier 1792. Il en était déjà détenteur par un bail emphytéotique concédé en 1779.

Sources et bibliographie :

  • Projet de publication Morphogénèse des prieurés de Mantes-la-Jolie du XIe au XVIIIe siècles, sous la direction de Ludovic DECOCK, archéologue Inrap.
  • Archives départementales des Yvelines (AD78) : 21H 2 : Clergé régulier, prieuré Saint-Georges de Mantes, 1374-1790 ; 21H 4 : Clergé régulier, prieuré Saint-Georges de Mantes 1591-1782 ; 21H 6 : Clergé régulier, prieuré Saint-Georges de Mantes, 1436-1772 ; 1Q 76 : Domaines nationaux, district de Mantes, procès-verbaux d’adjudication des ventes de biens de 1re origine, n° 129 à 242, mai-septembre 1791 ; 1Q 77 : Domaines nationaux, district de Mantes, procès-verbaux d’adjudication des ventes de biens de 1re origine, n° 243 à 376, septembre 1791-pluviôse an ii. ; 1Q 89 : Domaines nationaux, district de Mantes, dossiers de ventes de biens de 1re origine, n° 231 à 352, ventes de septembre 1791 à nivôse an ii.
  • BEAUNIER (dom C.). – Recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés de France, t. 1 : Province ecclésiastique de Paris. Paris : Librairie Vve Poussielgue, 1905 (nouvelle édition revue et complétée par les bénédictins de Ligugé-Chevetogne). xxiii-396 p. (La France monastique).
  • WULLSCHLEGER (M.) [dir.]. – Pouvoirs, vie économique : l’insertion dans le monde. In: REYNAUD (J.-F.) [dir.]. – Espaces monastiques ruraux en Rhône-Alpes. Lyon : Association lyonnaise pour la promotion de l’archéologie en Rhône-Alpes, 2002, p. 63-103 (DARA n°23).

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