Prosper DELARUELLE, instituteur à Dieudonne (Oise) de 1866 à 1906

Cet article est écrit dans le cadre du challenge UPro-G (voir ici) ; thème imposé du mois de septembre 2025 : un dossier de carrière d’instituteur.

Il y a quelques mois (voir ici), je vous avais parlé de Prosper DELARUELLE, ancien instituteur de mon village, qui s’était vu refuser la médaille d’argent de l’Éducation nationale pour manque de zèle (et pourtant…).

Aujourd’hui, nous allons revenir sur l’ensemble de sa carrière.

Sa formation

Prosper Florentin DELARUELLE est né le 8 juillet 1842 au Déluge (Oise). Il est le fils de Pierre DELARUELLE, ouvrier charpentier, et de Marie Louise GORÉ.

Il s’inscrit au Cours normal de Beauvais, pour lequel il a obtenu une bourse, en vue de devenir instituteur.

Dans un document intitulé « Rapport sur les 11 élèves nommés élèves-maîtres du cours normal de l’Oise par arrêté de monsieur le Préfet en date du 24 avril 1859 et ayant terminé leurs études au mois d’août 1862 », on apprend qu’il est arrivé 1er dans l’ordre du mérite en classe sur cette promo et il en sort muni du Brevet supérieur complet.

Ci-dessous, son appréciation qui figure dans ce rapport :

(AD60, 1 Tp 3882)

« Excellent sujet, religieux, soumis, très laborieux, très intelligent, taille ordinaire, extérieur avantageux, chante bien, joue d’un instrument en cuivre, est bon gymnasien, professe très bien ; il vient d’être nommé Instituteur. »

Ses premières affectations

Sa toute première nomination en tant qu’instituteur communal se fait à l’école du Plessier-de-Roye (Oise), par arrêté du préfet de l’Oise en date du 7 janvier 1864.

Première affectation de Prosper DELARUELLE (AD60, 1 Tp 492)

Il y est nommé en remplacement de M. HAVET, qui part pour Raray (Oise).

Mais cette première affectation est de courte durée puisque son prédécesseur est maintenu à son poste et c’est finalement Prosper qui est nommé à Raray, par arrêté du 19 janvier 1864.

Raray est alors une commune de 181 habitants et il est précisé qu’il s’agit d’une école mixte.

Sur sa fiche de présentation rédigée par l’inspecteur d’académie avant son prochain changement de poste, on peut lire que Prosper entretient de bons rapports avec le maire, les habitants et le curé. Ses débuts de service sont jugés bons.

Cependant, il souhaite se rapprocher du canton de Noailles, d’où il est originaire.

Son arrivée à Dieudonne

Il s’avère qu’en 1866, l’école de Dieudonne devient vacante. Son titulaire, M. SIMON, a fait une demande de congé de disponibilité.

C’est pour cette raison, et aussi à cause de ses bons services, que Prosper DELARUELLE y est nommé (arrêté du 6 octobre 1866). Toujours sur la fiche de présentation évoquée ci-dessus, il est indiqué : « Il sera bien accueilli à Dieudonne à cause de ses qualités. »

Il ne s’en tient pas à son rôle d’instituteur publique et il met en place des cours d’adultes, tâche à laquelle il s’adonne pendant 37 hivers. Il donne aussi des conférences pour les familles dans le cadre de la Mutualité scolaire, ce qui lui vaut une mention honorable décernée par le président de la République en 1902.

En 1868, il crée la bibliothèque scolaire avec l’aide de la commune et par souscriptions, bibliothèque qu’il augmente à plusieurs reprises grâce à une allocation communale annuelle, une concession ministérielle en 1872, d’autres du département. En 1905, cette bibliothèque possède 433 ouvrages qui ont fait l’objet de 228 prêts aux familles.

En 1875, il fonde la Caisse d’épargne scolaire, qui en 1904, compte 150 livrets et 8000 francs de placements. Chacun des 30 élèves qui fréquentent alors l’école en possèdent un.

Il participe aux expositions scolaires à Beauvais où son école obtient la médaille de bronze en 1879 et la médaille de vermeil en 1885.

Il est également membre de la société pour l’Instruction publique (ou Instruction élémentaire, suivant les documents consultés). Celle-ci lui a remis, après les échelons inférieurs, sa médaille d’argent en 1892 « pour le zèle et de dévouement dont il a fait preuve dans la direction de sa classe ».

En 1904, il est avéré que « plus de cinquante élèves ont quitté sa classe munis des certificats d’études primaires ».

Son travail est récompensé par son ministère de tutelle, l’Instruction publique, à plusieurs reprises :

  • en 1892, il obtient la mention honorable ;
  • en 1902, la médaille de bronze sur proposition de l’inspecteur d’académie.

La médaille d’argent lui sera refusée.

Grâce aux bons rapports qu’il entretient avec « un généreux donateur », 5000 francs de dons sont fait à la commune pour la construction d’une nouvelle maison d’école (qui sert aussi de mairie). Celle-ci est terminée en 1879. Il y officie également comme secrétaire de mairie, comme cela se faisait couramment dans les petites communes rurales jusqu’à encore récemment. 

Dans cette dernière activité, ses services sont très appréciés des administrés qui lui reconnaissent « ponctualité, urbanité et discrétion ».

Il est membre du conseil d’administration de la société de Secours mutuel et de retraite du canton de Neuilly-en-Thelle (dont dépend Dieudonne).

En 1895, l’Œuvre de l’orphelinat primaire lui décerne un diplôme d’honneur, pour son rôle de trésorier cantonal.

Il est aussi très impliqué dans le domaine de l’agriculture : il a créé des champs d’expériences agricoles ayant produits « des résultats probants et efficaces », qui lui valent les remerciements des cultivateurs locaux. Il est lauréat de la société des Agriculteurs de France, médaille d’argent en 1884, et 2e prix au concours agricole scolaire en 1892, délégué communal pour le syndicat de Défense agricole.

En 1884, la Société protectrice des animaux lui décerne la médaille d’argent, ainsi que diverses récompenses à plusieurs de ses élèves.

Sa retraite

Grâce au Bulletin des lois du 1er juillet 1907, on sait que Prosper DELARUELLE est retraité à compter du 1er octobre 1906, après 42 ans, 11 mois et 1 jour de bons et loyaux services. Sa pension est fixée à 1319 francs.

Il ne reste pas sur la commune de Dieudonne, mais va vivre à Valdempierre (Oise), commune où est née son épouse.

En 1908, l’inspecteur d’académie le propose pour l’honorariat, distinction qui « serait la consécration de bons services dans l’enseignement public », ce qui lui est accordé.

Mis à part les quelques jours à l’école de Plessier-de-Roye et les 2 ans 9 mois à Raray, Prosper DELARUELLE a finalement fait toute sa carrière à Dieudonne.

Il est dommage qu’aucune photographie de classe ne nous soit parvenue de cette époque. C’est avec plaisir que nous aurions aimé découvrir son visage.

Sources et bibliographie :

  • Archives départementales de l’Oise (AD60), 1 Tp 492: Instituteurs, institutrices, listes et dossiers, an IX-1933 ; 1 Tp 3882 : Rapports de fin d’année sur les élèves ayant fréquenté le Cours normal de Beauvais, par le directeur, 1855-1883 ; 5MI919 : Le Déluge, NMD 1815-1854.
  • Bulletin des lois de la République française, partie supplémentaire, n° 4195, 1er juillet 1907, p. 2838-2839.

Cet article a 2 commentaires

  1. GUILLAUME Jacques

    Riche d’enseignements. Le « généreux donateur » était propriétaire du château. Conseiller municipal, il mit à profit ses relations et sa fortune pour aider à la construction de l’école et aux progrès de la scolarisation des enfants de la commune. Éloi Gallien, financier et industriel parisien, fut, lui aussi, très attaché à son village d’adoption. J’ai pu consulter, avant qu’ils nous soient enlevés, les courriers et les délibérations municipales relatifs à ces réalisations. Prosper Delaruelle en fut contemporain. Et pas en spectateur, vous nous le rappelez.

    1. Nathalie K.

      Merci beaucoup pour ces informations complémentaires.
      Peut-être que le rôle d’Éloi Gallien pourra faire l’objet d’un prochain article rédigé avec votre aide ?

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